Souvent, lorsquil restait à lire dans sa chambre, ou bien assis le soir sous les tilleuls du Luxembourg, il laissait tomber son Code par terre, et le souvenir dEmma lui revenait. Mais peu à peu ce sentiment saffaiblit, et dautres convoitises saccumulèrent par-dessus, bien quil persistât cependant à travers elles ; car Léon ne perdait pas toute espérance, et il y avait pour lui comme une promesse incertaine qui se balançait dans lavenir, tel quun fruit dor suspendu à quelque feuillage fantastique. Sens donc : quelle odeur! fit-il en la lui passant sous le nez à plusieurs reprises. La maison de Tostes est décrite et Charles sy épanouit : posséder Emma le rend heureux et sans souci de rien au monde, le cœur plein des félicités de la nuit, lesprit tranquille, la chair contente. Il ne regrette pas le moins du monde la veuve Dubuc. Emma, au contraire, est déçue de cette vie monotone qui est loin des aventures passionnées qui paraissaient si belles dans les livres. Cependant, pour donner tout de même une note positive à ce roman de Flaubert, je suis tout de même touchée par lenvie dEmma de changer de vie. Après tout, cest vrai : qui na jamais rêvé de tout modifier et de vivre ses rêves? Bien quil ma été pénible à lire, ce roman a un personnage principal qui se doit dêtre admiré. Sa détermination à réaliser ses rêves se noie dans une désillusion, mais reste inébranlable jusquà sa mort. Emma sest, certes, mal débrouillée pour atteindre ses rêves, mais sa vie est tellement triste que cela ma donné envie de ne pas passer à côté de mes ambitions et de ne pas tout rater comme elle. Il maigrit, sa taille sallongea, et sa figure prit une sorte dexpression dolente qui la rendit presque intéressante. Ah! des plaisanteries! Assez, assez! Faites, par pitié, que je vous revoie une fois une seule. Une mèche de cheveux de sa femme dans la main, il devient le héros romantique Où est le curé? demanda madame Bovary à un jeune garçon qui samusait à secouer le tourniquet dans son trou trop lâche. Et ils allèrent dans leur chambre, à lhôtel de Boulogne. Dès les premières pages du roman, le jeune Charles Bovary apparaît comme la risée de tous ses camarades. Cette médiocrité ne le quittera pas de toute lintrigue. Tour à tour victime de sa mère, de sa femme, de ses voisins et même du narrateur, Charles incarne à lui seul la vacuité de lexistence qui ronge Emma. Aveugle devant les infidélités de son épouse, soumis à lautorité dune mère envahissante et incapable de gérer ses affaires, Charles Bovary est un éternel raté. Jugé très sévèrement à travers les points de vue successifs du narrateur ou dEmma, il suscite chez le lecteur exaspération et pitié. En effet, son seul tord et daimer éperdument une femme quil ne peut guérir dune maladie bien étrange et pourtant si commune : le bovarysme. Emma! maman! sécriait Charles pour les rapatrier. En gros, jai commencé par le milieu, puis je suis allée direct à lavant-dernière page. Je reprendrai à partir de là où je me suis arrêtée au milieu. Cela mamusera de lire les passages avec des jeux sexuels. Je veux dire, courtiser, être attiré par le sexe opposé etc.. drames, le vague Elle de tous les volumes de vers. puis se doute du départ prévu, avec la commande quEmma fait dun manteau, dune malle et dun sac de R IDICULE, cette héroïne envoûtée par ses lectures et qui passe dès lors à côté de sa vie? Elle a au moins le mérite de son idéal et de sa révolte là où les autres se satisfont dune médiocrité accablante. Chercher une autre vie pour Emma consiste à chercher une correspondance avec dautres mots, avec les beaux mots qui lont fait rêver, ceux qui sont saisis avec les pincettes des italiques par le romancier : les mots de félicité, de passion et d ivresse qui lui avaient paru si beaux dans les livres. Les mots lyriques du bonheur quon ne trouve pas dans la vie. Ces clichés font sourire, moins peut-être que les lieux communs médiocres, brassés par tous les autres personnages du livre : lieux communs du savoir chez Homais, lieux communs du sentiment chez les piètres séducteurs, lieux communs de la foi chez labbé Bournisien. Nulle valeur ni la connaissance, ni lamour, ni la religion ne résistent à ce jeu de massacre. La virtuosité de Flaubert est de faire une œuvre originale de langage avec tous les mots les plus usés de ses personnages. Lauteur résume cette contradiction dans sa correspondance en 1853 : sous une forme aristocratique, une histoire commune et dont le fond est à tout le monde. Et, cest pour moi, la vraie marque de la force en littérature. Le lieu commun nest manié que par les imbéciles ou par les plus grands.